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Le retour du Plan |
Avec la nomination de François Bayrou comme haut-commissaire au Plan le 3 septembre, on voit le retour sur le devant de la scène d'un thème cher à Michel Rocard : la planification. |
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Michel Destot : « On ne naît pas rocardien, on le devient » |
On ne nait pas rocardien, on le devient. Enfant, quand mes parents me demandaient ce que je voulais faire plus tard, je leur répondais : chercheur, journaliste, professeur d'histoire et de géographie ou guide de haute montagne... Jamais je n'aurais dit : homme politique, député ou maire ! À l'époque, mes références iconiques étaient plutôt Marie Curie ou Lionel Terray. Plus tard, devenu ingénieur à Paris, je choisissais d'aller au CEA à Grenoble plutôt qu'à Saclay pour faire un doctorat de physique nucléaire, la montagne étant bien sûr plus présente que la politique dans mes orientations de vie. Quelques années plus tard, je quittais le CEA avec quelques collègues pour créer la société CORYS, dédiée à la simulation. La politique se résumait au militantisme, d'abord au PSU après mai 1968, rejoignant alors (à l'époque de la rue Mademoiselle) Michel Rocard qui m'apparaissait moins révolutionnaire fiévreux que beaucoup de leaders d'extrême gauche. Le passage au PS dans le cadre de la Deuxième Gauche s'en suivit naturellement. Grenoblois, je rencontrais le maire Hubert Dubedout, qui deviendra vite un élément fort de mon destin municipal. Comment oublier en effet les liens qui nous unissaient au-delà même de l'action publique, entre nos familles respectives ? Comment oublier cette soirée quelque peu magique à l'été 1983 où, de la terrasse du refuge d'Argentière, contemplant toutes ces faces Nord qui couraient devant nos yeux (les Drus, la Verte, les Droites, les Courtes...), nous refaisions le monde et je promettais à Hubert Dubedout d'essayer de reconquérir la mairie de Grenoble, perdue quelques mois plus tôt ! Les dés étaient jetés. Le Conseil Général, l'Assemblée nationale (Michel Rocard à Matignon) et la mairie de Grenoble en 1995. J'abandonnais alors, avec un immense regret, la présidence de CORYS que j'avais créée quelques années plus tôt. Avec le départ d'Hubert Dubedout, Michel Rocard devenait la figure tutélaire. Spéculateur intellectuel, curieux de tout et innovateur, il nous donnait l'impression d'être un peu plus intelligents après l'avoir entendu. Maire de Grenoble, je me sentais tellement en phase avec celui qui avait plaidé avec talent et conviction pour "décoloniser la province". Préfaçant en 2015 mon livre Ma passion pour Grenoble, il écrivait « la vie, la pensée, le travail, l'œuvre de Michel Destot sont à référence spatiale dominante. Le nouvel espoir dont les hommes ont besoin ne peut-être immatériel, il le faut enraciné. Diverse, multiple, intelligente, Grenoble était une merveilleuse terre d'expérimentation... » Et puis passer du local au global pour enrichir mon expérience de terrain et apporter ma pierre, même modeste, à un édifice plus universel, m'a semblé aussi un objectif indispensable, rejoignant la pensée et l'action de Michel Rocard pour s'ouvrir à tous les défis contemporains, tous mondiaux : crise financière, réchauffement climatique, crise migratoire... Et aux Grenoblois qui me demandaient ce qu'était pour moi un maire socialiste, je répondais immanquablement : celui qui se bat pour réduire les inégalités et pour ouvrir sa ville au monde. Cette forte sensibilité à la dimension internationale de ma ville renvoyait sans doute à mon parcours de vie, ayant bénéficié de l'universalité de la communauté scientifique et technologique avec mes années de recherche au CEA, puis avec le partenariat économique international de ma société CORYS. Comment cacher aussi combien j'ai été marqué par l'identité de ma belle-famille issue de la diaspora lituanienne, fuyant les pogroms et leur pays, pour échapper aux déportations et massacres nazis ou staliniens, me donnant la « chance » de pouvoir entretenir des relations privilégiées avec des cousins anglais, américains et sud-africains ? Et bien entendu, avec Michel Rocard, nous partagions pleinement le sentiment que le destin de l'être humain, c'est la compréhension de l'autre, c'est l'ouverture au monde, c'est le droit de savoir, de rêver, d'entreprendre, de se libérer par la connaissance, l'éducation, la culture. Oui, je suis devenu rocardien et Michel Rocard un peu grenoblois... Sa fidélité à ma ville ne s'est jamais démentie, depuis les fameuses rencontres de Grenoble de 1966 (où il avait été remarqué par Pierre Mendès France qui allait devenir député de cette ville) jusqu'aux innombrables meetings en périodes de pouvoir comme d'opposition. Je me souviendrai longtemps de sa présence aux municipales de 1995 où nous étions contraints de tenir meeting en plein jardin de ville faute d'attribution de salle par la municipalité sortante. Beaucoup de monde s'était massé pour entendre une fresque brillante sur le rôle de la France ... dans le Pacifique. Les organisateurs de la rencontre étaient désespérés. Les Grenoblois applaudissaient à tout rompre Michel Rocard... et j'étais élu maire quelques jours plus tard ! Je laisse la conclusion à Michel Rocard lui-même, tirée de sa préface à mon livre sur Grenoble, écrite un an avant son départ : « Entre Michel Destot et moi, la complicité politique profonde a plus de quarante ans, et l'amitié confiante et vigoureuse, presque autant ». Michel Destot, ancien député, ancien maire de Grenoble, président du cercle "Inventer à gauche", membre du conseil d'administration de l'association MichelRocard.org |
Le 23 août, Michel Rocard aurait eu 90 ans |
Né le 23 août 1930, Michel Rocard aurait eu cet été 90 ans.
Vous êtes nombreux à avoir pensé à lui en ce jour anniversaire. Voilà 4 ans qu'il a disparu, mais il reste dans nos pensées et nos coeurs. |
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