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Imprimer en recto-verso (version PDF) - Bouton n° 58BIS-SPECIALCOLLOQUE - NOVEMBRE 2023

Colloque de recherche historique

"Michel Rocard ou une certaine idée de la politique"

Vendredi 1er décembre 2023 à partir de 9 h

à l’École Normale Supérieure

Amphithéâtre Jean-Jaurès - 29 rue d’Ulm - 75005 Paris

 
Programme



9 h 00 : Accueil

9 h 30 : Introduction

Frédéric WORMS, directeur de l’École normale supérieure
Jean-Marc AYRAULT, président de la Fondation Jean-Jaurès, ancien Premier ministre
Pierre PRINGUET, président de MichelRocard.org

10 h 00 : Séquence 1.- Michel Rocard chef de parti (Étudiants Socialistes : 1955-1957 ; PSU : 1967-1973 ; PS : 1993-1994)

Modératrice : Sylvie HUBAC, présidente de section honoraire au Conseil d’Etat, vice-présidente de MichelRocard.org

Communication de Christine BOUNEAU, professeure d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux Montaigne
Discutant : Alain BERGOUNIOUX, inspecteur général de l’Éducation nationale honoraire, président du conseil scientifique de MichelRocard.org
Grands témoins : Gérard LINDEPERG, ancien député de la Loire, ancien n° 2 du Parti socialiste, Jean-Claude PETITDEMANGE, ancien conseiller de Michel Rocard

Débat avec la salle


11 h 30 : Séquence 2.- Mendès, Rocard, Delors : trois engagements singuliers dans la politique partidaire

Modératrice : Muriel LE ROUX, chargée de recherches au CNRS, directrice-adjointe de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine

Communication d’Alain CHATRIOT, professeur des universités, Centre d’histoire de Sciences-Po Paris
Discutant : Mathieu FULLA, professeur agrégé au Centre d’histoire de Sciences-Po
Grands témoins : Elisabeth GUIGOU, ancienne ministre, Pierre-Yves COSSE, ancien Commissaire au Plan


Débat avec la salle

13 h 00 : Pause déjeuner

14 h 30 : Séquence 3. – « Une grande politique ne peut être conduite quen référence à une morale » (MR, 2004)

Modérateur : Charles-François MATHIS, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IHMC

Communication d’Olivier MONGIN et Joël ROMAN, philosophes, ancien directeur et ancien membre du comité de rédaction de la revue Esprit
Discutant : Jean-Claude MONOD, directeur de recherches au CNRS (UMR 8547, CNRS/ENS)
Grand témoin : Pierre ROSANVALLON, professeur honoraire au Collège de France

Débat avec la salle


16 h 30 : Séquence 4.- Du « chantre de l’opinion » au pourfendeur de la « démocratie d’opinion »

Modérateur : Christophe CHARLE, professeur émerite d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IHMC

Communication de Pierre-Emmanuel GUIGO, maître de conférences à l’Université Paris-Est Créteil
Discutante : Dominique SCHNAPPER, directrice de recherches à l’École des hautes études en sciences sociales, ancienne membre du Conseil constitutionnel
Grands témoins : Roland CAYROL, directeur de recherches émérite au CEVIPOF, ancien président de l’institut CSA, Anne SINCLAIR, journaliste

Débat avec la salle

18 h 00 : Conclusion

Marion FONTAINE, professeure des universités, Centre dhistoire de Sciences-Po Paris


Inscription obligatoire en cliquant sur le lien ci-dessous
 

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Ce colloque est organisé par l’association MichelRocard.org, en partenariat avec l’Ecole normale supérieure, l’Institut d’histoire moderne et contemporaine, la Fondation Jean-Jaurès et l’Université Paris-Est Créteil
Il y a trente ans, en mars 1993, après la défaite de la gauche aux élections législatives, Michel Rocard devient président de la direction provisoire du Parti socialiste puis, en octobre de la même année, au congrès du Bourget, il en est élu Premier secrétaire. Ce n’est pas la première fois que Michel Rocard est à la tête d’une formation politique : dès les premières années de son engagement, il est secrétaire général des Étudiants socialistes SFIO, et de 1967 à 1973, il dirige le Parti socialiste unifié (PSU).

Pour autant, Michel Rocard a toujours entretenu un rapport singulier avec l’action politique : il s’est d’ailleurs plus fréquemment trouvé dans une position minoritaire que majoritaire. S’il a toujours considéré que les partis politiques étaient nécessaires à l’organisation sociale (soutenant qu’il n’y avait, dans l’histoire humaine, que trois modalités connues de dévolution du pouvoir : par les tribus, par les armées ou par les partis), il a aussi régulièrement critiqué leur fonctionnement interne, leur opacité ou leur coupure d’avec la société civile (quand il fustigeait les « grands appareils verticaux »).

A la fois engagé et distancié de la politique partidaire, il se trouve ainsi dans une relation à la politique qui présente certaines similarités, mais aussi des différences intéressantes à analyser, avec celles incarnées par Pierre Mendès France et Jacques Delors : la primauté des idées sur la tactique, l’exigence de vérité contre le discours démagogique, la dimension éthique opposée au cynisme de la fin qui justifie les moyens.

« Une grande politique ne peut être conduite qu’en référence à une morale », disait Michel Rocard dans une interview en 2004. Son éducation protestante n’est évidemment pas sans rapport avec l’affirmation de ce principe. Cette posture morale a été pour partie source de sa popularité dans l’opinion, qui le distinguait ainsi du reste du personnel politique, et cause de sa marginalité dans la sphère partisane, qui la vivait comme une leçon permanente.

Ce rapport à la politique n’a cependant pas été exempt d’ambigüités, voire de contradictions : Michel Rocard, dont l’ascension politique, à partir de la campagne présidentielle de 1969 puis au sein du Parti socialiste au plus fort de sa rivalité avec François Mitterrand, s’est beaucoup appuyée sur l’opinion publique et la sphère médiatique, est aussi celui qui a théorisé, comme Premier ministre, le « devoir de grisaille » et par la suite pourfendu avec vigueur les méfaits de la « démocratie d’opinion ».

Où est donc la vérité de la relation de Michel Rocard avec la politique, entre celui qui dans sa dernière interview au Point, quelques semaines avant sa disparition, s’inscrivait en faux contre la proposition de Manuel Valls de changer le nom du Parti socialiste et confiait qu’il mourrait avec sa carte du parti en poche, et celui qui, quelques années plus tôt, disait espérer que jamais aucun de ses enfants n’embrasserait le métier politique ? Paraphrasant une formule célèbre, on pourrait que dire que, toute sa vie, Michel Rocard s’est fait une certaine idée de la politique. C’est celle que ce colloque se propose d’explorer.

 
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