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Nouvelle-Calédonie : « La nomination au gouvernement d’une élue non indépendantiste ne répond pas à l’exigence d’impartialité de l’Etat »

La présence de l’actuelle présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie au sein de la nouvelle équipe gouvernementale rompt avec l’un des principes cardinaux des accords de Matignon qui, en 1988, ont ramené la paix civile sur l’île, estime Jean-François Merle, ancien conseiller de Michel Rocard, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 09 juillet 2022 à 05h00 Temps de Lecture 4 min.

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Dans le tumulte des commentaires consacrés au remaniement ministériel, la nomination de la présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie en qualité de secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur et de l’outre-mer, chargée de la citoyenneté, est largement passée sous les radars. Du même coup, la signification profonde de cette désignation et ses répercussions pour la poursuite du processus de décolonisation engagé il y a près de trente-cinq ans n’ont pas été soulignées.

Ce processus repose depuis toujours sur un trialogue entre les indépendantistes, les non-indépendantistes et l’Etat, dans un rôle à la fois d’arbitre et d’acteur. Alors qu’il est urgent de reprendre le dialogue, au point mort après le référendum d’autodétermination contesté du 12 décembre 2021, comment réagiront les indépendantistes pour s’asseoir à une table où il y aurait, soit la délégation de l’Etat comprenant celle qui, depuis près de vingt ans, est une de leurs adversaires les plus résolues, soit la délégation des non-indépendantistes avec une représentante de l’exécutif, en un mot une situation où l’arbitre montre en toute hypothèse qu’il a choisi son camp ?

C’est d’autant plus regrettable que la priorité devrait être de recréer les conditions du dialogue entre les forces politiques calédoniennes pour construire un avenir partagé de la Nouvelle-Calédonie, alors que cette configuration renforcera ceux qui, chez les indépendantistes, ne veulent entendre parler que de discussions bilatérales entre les représentants du peuple colonisé et l’Etat.

Comme l’a fait fort justement observer Pascal Lafleur, fils de Jacques Lafleur, « avant les discussions qui doivent se tenir pour l’avenir du territoire, ce n’est pas très habile pour le gouvernement d’avoir en son sein l’un des deux autres partenaires de la négociation ». Bref, on aurait voulu compliquer à l’envi les conditions d’un dialogue apaisé entre Calédoniens et la recherche d’un accord qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

Règles d’usage

D’autant que si la secrétaire d’Etat est chargée de la citoyenneté pour l’ensemble de la République, c’est une notion qui, en Nouvelle-Calédonie, prend une résonance particulière, puisque l’accord de Nouméa a consacré l’existence d’une citoyenneté calédonienne, fondée sur un corps électoral spécifique, et distincte de la citoyenneté française. Depuis plus de vingt ans, les contours et les critères d’accès à cette citoyenneté sont au cœur de tous les débats calédoniens. Qui s’exprimera, quand ce sujet sera abordé ? La cheffe de file des non-indépendantistes ou la ministre de la République ?

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